dimanche 20 juillet 2014

Ciao Sicile ! - 19 juillet 2014




Accompagnement musical

Pour finir en beauté et pour vous mettre dans l’atmosphère baroque de Palerme, je vous suggère d’écouter l’opéra Mitridate Eupatore, d’Alessandro Scarlati (né à Trepani ou Palerme, en 1660). Opéra composé à Venise, car oui Scarlati a su sentir le vent et est parti de Palerme et de la Sicile pour commencer sa carrière à Naples, à Rome, à Venise, pour finalement finir à Naples. Vous allez le voir ci-dessous, le baroque déborde de partout en Sicile et encore plus à Palerme. Un baroque, principalement religieux, mais aussi civile et résidentiel.

Nos derniers jours en Sicile

Si j’avais à résumer la Sicile en quelques mots, je dirais : l’Etna et les pistaches de Bronte, les temples grecques (Agrigente) et romains (surtout la Villa romana del Casale), les églises baroques et surtout le capharnaüm de Palerme. J’ajouterais aussi une mention pour Taormine et une autre pour Syracuse.

Or vert en devenir !

Petite devinette :

La réponse de la devinette de la dernière page est bien les pistaches vertes de Bronte (l’Or Vert de la Sicile). Félicitation à Linda, notre gagnante. On l’apprête à toutes les sauces et sous toutes les formes. Je ne croyais pas que l’on puisse décliner le plaisir et la jouissance gustative à ce point. Et croyez-moi, je me suis vautré dans le tas, dans les plats et dans tous les élixirs.


Des pâtes au pesto de pistache.

Palerme


L’élégance du baroque.

Comment décrire Palerme ? J’ai déjà donné un premier indice (capharnaüm), mais ce sera trop court, trop limitatif. C’est une ville du sud, encore plus du sud que Marseille (est-ce possible ?). C’est une ville comme arrêtée dans le temps et généralement pas pour le mieux. Si vous voulez voir des immeubles décatis, vous serez bien servi. La ville n’embaume pas de douceur, mais son air âpre et fétide « diéselisé », à la longue, vous amènerait à votre embaumement. L’Autre a présenté les premiers symptômes du pestiféré (nausée et humeurs gastriques soudaines et incommodantes) dès notre arrivée. Pauvre petite nature !

Non, Palerme est une agate rare, avec un cœur baroque. Mais comme la Mafia, elle ne se dévoile que rarement et sa couche protectrice est dure et épaisse. Comme touriste, faut-il payer le pizzo pour y avoir accès ? Du côté des églises, toutes ou presque sont payantes (une autre forme de pizzo)… mais pour les intérieurs baroques résidentiels, nous n’avons pas su à qui le payer pour pouvoir en profiter… et c’est seulement par des regards indiscrets et à la dérobée, que nous avons pu constater que derrières des façades toutes déconfites se trouvaient des trésors de plafonds peints avec des encoignures sculptées de plâtres magnifiques.

De plus, en peu partout dans la ville, nous avons vu beaucoup d’immeubles (je devrais plutôt dire de ruines) qui sont les reliquats des bombardements alliés de la IIe Guerre mondiale dont les rez-de-chaussées sont squattés par des familles pauvres (principalement des émigrants légaux ou pas). Et je ne vous parle pas des déchets partout (vite ! un peu plus de parfum ou de sels pour me ranimer !).

Au final, l’impression globale que cela laisse, c’est comme si les palermitains n’avaient pas de fierté pour leur ville. Ont-ils baissé les bras ? Sont-ils pris dans un carcan ou un engrenage sans fin ? Pour un début de réponse vous pouvez aller consulter le site suivant : addiopizzo.org (en italien seulement, mais vous arriverez à saisir l’essentiel du message).

Quitter Palerme

Notre traversier.
Je laisse la parole à L’Autre...
L’Autre : Attendre trois heures dans un abribus à l’ombre, caressé par un vent salin, est un moment savoureux à déguster, loin du bruit incessant et des émanations des gaz des motos de la ville. Un moment bien court qui permet l’anticipation d’accéder à un confort « de première classe », à comparer aux trois dernières journées. Avec Camilo dans la gestion de l’embarquement, nul doute que je serai pris en charge et en avant de la file d’attente. Grand escalator, air climatisé, tuiles en marbre, ce ferry me proposait un baume à mon séjour à Palerme. Même cette minuscule cabine avec deux couchettes et son hublot (12 X 24 po), sa douche (24 X 24 po), me séduisait à cet instant comme un cinq étoiles l’aurait fait n’importe où ailleurs dans le monde.
Nous sommes montés sur le pont supérieur extérieur, verre de rosé à la main, pour célébrer notre libération de cette ville nauséeuse et décevante. À ce moment précis, je ressentais le même engouement que les passagers de première classe du Titanic. Nous sommes par la suite redescendus à la cafétéria pour se sustenter puisque nous n’avions rien mangé depuis le petit déjeuner, regardant par l’immense vitrine le soleil se coucher dans la Méditerranée. Oui, cette traversée ne saurait nous amener que vers de meilleurs augures. Cagliari, au lever du jour, en était la preuve évidente !

Retour à Camilo : L’Autre a le don de toujours en mettre un peu trop. Moi, j’ai su être à l’écoute de Palerme, j’ai saisi son désarroi (pas celui de L’Autre, mais celui de la ville) et j’en suis reparti avec son trésor baroque sous le bras. L’Autre dit que j’aime le luxe, oui c’est vrai, mais c’est plutôt lui qui ne peut pas supporter l’indigence, la laideur et les miasmes morbides. Dans le fond, c’est lui, le snob et moi, l’esthète.

Les photos.



Pour reprendre où j'avais laissé.


Les escaliers des turques, près d'Agrigente.


Temple orientale de Sélinonte...


On y fait des rencontres d'amis de la famille des Squamates, quasi caméléons.

Sélinonte - En se promenant.
Vue à partir de Erice (perdue dans les nuages, à 750 m d'altitude).


Le pavement des rues est unique.


Ma première notice lue en arrivant à Palerme... à bon entendeur salut !
Traduction : Tout un peuple qui ne paie pas la commission est un peuple libre.


Mon premier coup de cœur palermitain.



Mon deuxième coup de cœur : le décor baroque des murs intérieurs marquetés de marbres polychromes.


Autant le peuple était assouvi par la domination de l'Église,
autant les habits de celle-ci étaient somptueux
(détail d'une chasuble brodée au fil d'or et d'argent).


Pendant ce temps, la souffrance de celui-ci a fait vivre des artistes
aux bénéfices de... !?!


Cloître de la cathédrale de Monreale.


J'aime beaucoup.

Oratorio del Rosario di Santa Cita : Émouvant ! 


Même les putti chantaient pour nous. 


Je suis encore ému par la beauté des détails du travail du marbre.

Palerme n'a rien à envier à Venise ou à Istanbul,
pour ce qui a trait aux mosaïques dorées.


À défaut de se signer, une petite obole pour l'Église fera l'affaire.


Vous êtes mieux de donner, car on vous surveille.
L'art est présent partout à Palerme, mais souvent caché.











Pendant ce temps, la ville propose une toute autre palette.
Voici le vrai visage de Palerme, au grand jour.
À chacun, son accès au soleil.





3 commentaires:

  1. Enfin, enfin!
    Je regardais presque tous les jours mais, chaque fois, j'étais déçue par ton silence. Bien sûr, je l'avais mis sur le compte de la "loi" qui écrase la Sicile de sa chape de plomb. Mais non, je m'étais trompée. Vous étiez plutôt en proie aux éblouissements (et à leur contrepartie: la nausée) du Baroque et du bordel méridional.
    En manquant quelques jours à mes devoirs de lectrice, voilà que j'ai raté le quizz mais je m'incline devant la culture gastronomique encyclopédique des sœurs Lapointe qui sont à la cuisine ce que les sœurs Brontë sont à la littérature.
    Je remercie Camilo et l'Altro de leurs commentaires et des photos à se mettre à genou devant. Je vous souhaite un bon et beau périple remplie de plaisirs de tous les sens...
    Mille baci,

    la contessa

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    1. Correction: un périple rempli i i i au masculin, comme il se doit. S'cusez-la.

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    2. N'ayez crainte chère Contessa, nous ne saurions vous oublier dans nos agapes d'Or Vert de Sicile.

      Ciao !

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