mardi 27 octobre 2015

La Basilicate – 21 juillet 2015


Accompagnement musical

Je cherchais une suggestion musicale à vous proposer pour la Basilicate, mais le choix est rarissime. Il y a toujours la musique pour accompagner la tarentelle, cette danse populaire de l’Italie du Sud. Mais je veux garder cette option pour ma prochaine page qui portera sur Tarente (Taranto) et le début de la grande virée de L’Autre et moi dans les Pouilles. Second essais – Je me suis souvenu du compositeur Umberto Giordano (Foggia 1867 – † Milan 1948), mais il est aussi originaire de la région des Pouilles. En pensant à lui, je me suis rappelé de son plus célèbre opéra Andrea Chénier (sur un livret de Luigi Illica) et surtout de l’air La Mamma morta, subliment interprété par la divine Maria Callas. Je vous l’ai déjà proposé dans ma page sur Philadelphie (octobre 2014). Et comme nous sommes à quelques jours d’Halloween, le « douloureux » souvenir de notre séjour en prison de l’an dernier refait surface, je me permets de vous le proposer à nouveau, mais cette fois-ci avec l’extrait tiré du film Philadelphia, où Andrew Beckett (interprété par Tom Hanks) commente l’air à son avocat, Joe Miller (Denzel Washington) :


Extrait du film Philadelphia
La Mamma morta tiré de l’opéra Andrea Chénier

Si vous êtes puristes, je vous propose aussi la version en langue originale, en cliquant ici, ou bien je vous invite à aller voir ma page sur Philadelphie, où vous trouverez le lien directe pour la version originale de La Mamma morta chantée par la Callas, sans les commentaires.


La Basilicate (Basilicata)

J’aurais bien aimé prendre plus de temps pour faire un vrai tour complet du Mezzogiorno italien (Campanie, Basilicate, Calabre et Les Pouilles), mais comme L’Autre voulait prendre une semaine pour aller dans les Baléares, j’ai dû freiner mes envies et nous avons donc concentré nos visites à la Campanie et aux Pouilles. Mais pour nous rendre dans cette deuxième région, il nous a fallu traverser la Basilicate. Aussi, un arrêt s’imposait : Matera, pour ses Sassi (« cailloux » en italien), d'étonnantes habitations troglodytiques étagées sur le flanc des ravins et ses 160 églises rupestres qui sont inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1993. La Basilicate n’a pas le glamour des régions voisines, mais la lecture de Le Christ s’est arrêté à Éboli, roman autobiographique de Carlo Levi (1945), m’a donné le goût de me rendre dans cette région aux villages isolés et pittoresques. Dans les années 1930 (époque évoquée par le roman) la malaria et la misère noire affectaient ces populations. Malgré son exil forcé, le Turinois Carlo Levi (relégué dans une région reculée par les autorités fascistes) s’est pris de fascination pour ces habitants et a brossé un portrait émouvant de cette région abandonnée à son triste sort...

« Je suis arrivé à Gagliano un après-midi d’août, dans une petite auto déglinguée. J’avais les mains liées et j’étais accompagné par deux vigoureux représentants de l’État, aux pantalons ornés de bandes rouges et aux visages inexpressifs. J’y venais de mauvaise grâce, prêt à tout trouver laid, un ordre m’ayant brusquement fait quitter Grassano, où j’habitais auparavant et où j’avais appris à connaître la Lucanie [ancien nom de la Basilicate]. Cela avait été pénible au début. Grassano, comme tous les villages de ce pays, se dresse, blanc, au sommet d’une haute colline désolée, comme une petite Jérusalem imaginaire dans la solitude d’un désert. J’aimais monter en haut du village, jusqu’à l’église battue par les vents d’où le regard peut s’étendre dans toutes les directions vers un horizon illimité, uniforme, identique à lui-même dans tout son pourtour. Comme au milieu d’une mer de terre blanchâtre, monotone et sans arbres, on aperçoit, blancs et lointains, les villages, chacun au sommet d’une colline : Irsina, Braco, Montalbano, Salandra, Pisticci, Grottole, Terrandina ; les terres et les grottes des brigands, et peut-être là-bas la mer, et Métaponte et Tarente. »
Carlo Levi, dans Le Christ s’est arrêté à Éboli (1945)

Ce roman a connu lors de sa parution un énorme retentissement tant en Italie que dans le reste du monde. Il a indubitablement marqué la littérature italienne, de même qu’il a amené les autorités gouvernementales à entreprendre un vaste programme de mise à niveau sanitaire, social et économique de la région et tout particulièrement pour la ville de Matera. C’est d’ailleurs dans cette ville que le film éponyme tiré du roman, réalisé par Francesco Rosi (sorti en 1979), a été tourné. Parlant cinéma, Pier Paolo Pasolini y a aussi tourné L’Évangile selon Saint Matthieu (1964) et Mel Gibson son film La Passion du Christ (2004), c’est dire que le site offre une ambiance spirituelle, voire même mystique.

Visiter la Basilicate c’est un peu comme visiter la Cappadoce en Turquie. Dans le cas de Matera c’est l’équivalent d’explorer Ürgüp et les vallées de Göreme et de Soğanlı. Mais en une journée on ne fait pas des miracles. Au fait, il faudrait bien que je revienne sur la Turquie dans mon blogue. Ce sera pour plus tard.


Potenza

Il n’y a pas que Matera en Basilicate, la ville de Potenza, capitale de la région, vaut également un rapide détour. Dans les faits, comme nous étions partis à la levée du jour de Salerne, nous sommes donc arrivés tôt à Potenza pour y prendre notre petit-déjeuner et y passer un petit moment (bien petit, il est vrai). Seuls les cafés et bistros étaient déjà ouverts. Nous avons vu la ville se réveiller. À plusieurs reprises nous sommes arrivés devant les portes d’une église, d’un commerce, que celles-ci venaient à peine d’être ouvertes. Nous étions assurément les seuls touristes à déambuler dans les rues de la ville haute.


Arrivés tôt, bien des portes étaient encore closes.




Heurtoir et attaches. 


Église San Michele Arcangelo.
San Michele Arcangelo  Retable avec polyptyque du XVIe s.
Une Vierge
Saint Michel Archange
Le lion de Potenza...
Vite fuyons ! car il ne semble pas être de bonne humeur.



Matera

Carlo Levi a désigné Matera comme la « Capitale de la misère ». Si cela a déjà été vrai et même si la traversée des quartiers limitrophes remplis d’HLM peut encore le faire croire, il en demeure pas moins qu’une fois rendue dans la vieille ville cette réalité a bien changé. L’afflux constant de touristes (classement Unesco oblige) et l’argent que cela apporte suscite une gentrification du quartier des Sassi. Aussi, restaurants et bouis-bouis revampés, auberges et hôtels de luxe et maisons de location semi-troglodytiques rivalisent pour attirer le chaland. La déconfiture que l’on peut voir sur certaines photos (qui pour la plupart dates de plusieurs années) n’est plus la règle. Le quartier est d’une propreté exemplaire. Les maisons sont toutes (ou presque) rechaulées, repeintes ou leurs pierres nettoyées. Est-ce pour mousser la candidature de Matera comme Capitale européenne de la culture en 2019 ? Grand bien leur fasse, car cela a porté fruit, car le 17 octobre dernier la Commission européenne a recommandé l’attribution du titre à Matera (elle était en lice contre cinq autres villes italiennes pour ce titre : Cagliari, Lecce, Pérouse, Ravenne et Sienne). En aparté, je suis très contant de voir que Plovdiv en Bulgarie a aussi été retenue comme Capitale européenne de la culture en 2019.

Se promener dans les petites rues et ruelles exposées plein sud sur le flanc du ravin, par des températures de 45 °C à l’ombre, vous fait sentir comme si vous étiez dans un four à micro-ondes. Nous avions tellement chaud que même L’Autre a préféré que nous repartions dans notre véhicule climatisé plutôt que de faire la tournée des boutiques. 


Êtes-vous prêts pour un tour des Sassi ?
Intérieur de l'église du Couvent Saint-Augustin (Covento Sant'Agostino)
Détail du crucifix...Le Christ a le sang clair.
Bon, c'est un départ, mais à pied et non pas en tuk-tuk.
L'immeuble 'emballé' au sommet de la colline, c'est le duomo en pleine restauration.
Nous avons pu y jeter un regard furtif par l’embrasure d'une porte.
L'intérieur est magnifique.
Ce sera assurément un haut lieu pour les concerts en 2019.
Ce n'est pas vrai que tout est nickel. 
Détail de la porte verte.
Bas-relief d'inspiration locale.
Une ville pleine d'histoire et de fresques.
Un dédale de rues et ruelles pentues.
Portes bleues.
Façade de l'église Saint François d'Assise.
On commence à sentir l'influence baroque de Lecce.
Voûte de l'église du Purgatoire (chiesa del Purgatorio).
Église du Purgatoire  Détail des chapiteaux.
Église du Purgatoire  Détail de la porte d'entrée.
Statue sur la façade de l'église Santa Chiara.
Un mur muré d'or.
Que le rose soit.
Transenne ou magnifique grille de pierre servant de prise d'air.
Carré de Matera
Porte à... 

... porte.
Retour de la plage ?
Je planche pour toi.
Détail de la partie cuisine d'une demeure ancienne creusée dans la roche
(Casa grotta di Vico Solitario) que nous avons visitée.
Méga cilice ?!?
Photo du tournage du film La Passion du Christ de Mel Gibson (2004)
45 °C à l’ombre...
... c'est chaud...
... c'est très (trop) chaud.
Vue des Sassi et du ravin.
Porte grise qui ne paie pas de mine. 
J'aime beaucoup.
Le temps a fait...
... son œuvre.
Conservatoire de musique de Matera.
Même Matera n'échappe pas à l'art urbain.
Nous l'avons aussi vu dans un pire état à Naples.
Ces patines me fascinent.
De loin, elle ne dit rien qui vaille...
... mais de plus proche...


... les détails sont sensass.


Arrivederci Basilicata ! 








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